![]() Les caractères de la C.G.T.
I
- Les sources du
syndicalisme (quelques
repères en image)
Si la CGT est née en 1895, elle répondait en réalité à des aspirations plus anciennes, la fondation de la CGT est une étape dans l'histoire du prolétariat français. On ne saurait étudier les caractères fondamentaux de la CGT sans jeter un rapide coup d'il sur quelques moments marquants du mouvement ouvrier français. Si les syndicats ont droit de citer actuellement, il n'en a pas toujours été ainsi. Il a fallut de nombreuses luttes, parfois meurtrières, pour y arriver*.
![]() Il a fallut toute l'importance et l'ampleur de la lutte de mai et juin 1968 pour permettre le droit de citer du Syndicat à l'entreprise. En détruisant la vieille société féodale pour la remplacer par la société capitaliste, la Révolution française de 1789 donna et créa les conditions de l'essor du capitalisme, et par là même du développement du Prolétariat. Dès cet instant, la classe ouvrière commença à entrevoir la nécessité de s'organiser pour lutter en permanence pour défendre ses conditions de vie. Les salariés entrevoient la nécessité et l'intérêt commun de leur lutte. Sans attendre bien longtemps, en 1791, la bourgeoisie pris des mesures pour faire obstacle à l'organisation et à la lutte des travailleurs. Ce fut la célèbre Loi Le Chapelier (17 juin 1791) qui interdisait "aux citoyens de certaines professions de s'assembler pour leurs prétendus intérêts communs". Dans son principe cette loi visait autant l'employeur que les salariés, mais en fait c'est contre la classe ouvrière naissante qu'elle est uniquement dirigée et sera complétée encore par les dispositions draconiennes des Codes Napoléoniens de 1804 (aujourd'hui le Code Civil), et par toute la législation répressive du XIXe siècles. C'est seulement en 1881 que le droit de grève est reconnu. Mais dès 1864, la grève n'est plus un délit, mais pas non plus un droit. En effet, si le délit de coalition est supprimé, la bourgeoisie le remplace par un autre article qui dit : "Chaque fois que la grève s'accompagne d'une certaine contrainte, elle pourra être poursuivie -sous l'expression bien connue maintenant- d'atteinte à la liberté du travail". Donc, en résumé, travailleurs vous avez le droit de faire grève, mais vous n'avez pas le droit de vous réunir, de discuter, ni de faire pression sur vos camarades qui n'auraient pas compris la nécessité de faire grève ! Il est bon de se souvenir que jusqu'en 1848, les ouvriers sont privés de tous droits politiques par un code électoral qui ne donnait qu'aux riches la qualité de citoyens. Il est impossible au capitalisme, sous peine de se condamner lui-même, d'entraver le développement du Prolétariat. En effet, le capitalisme ne vit que par son accaparassions de la plus-value qu'il impose aux travailleurs. Car sans les travailleurs qui ne possèdent que leur force de travail, les capitalistes ne peuvent rien entreprendre. Posséder les moyens de production ne peut suffire. Avant même la découverte scientifique de l'exploitation capitalisme, et par là même l'idée de socialisation, la classe ouvrière française engage la lutte contre le capitalisme et sent déjà la nécessité de se regrouper. Dès lors, les salariés ont recherché constamment leur unité. Ils se sont unis pour engager des actions isolément, puis localement, puis par profession. Ces premières organisations étaient isolées les unes des autres, sans rapport, sans liens entre elles. Cela constituait déjà une faiblesse par rapport à l'exploiteur, qui lui était commun à tous. Ces premières organisations étaient très diverses : - compagnonnages, Mais cela ne pouvait suffire, et nous assistons alors à un premier mouvement d'unification. Cela se concrétise par la constitution de fédérations nationales, de chambres de métiers (qui sont les prémices des actuelles fédérations d'industries). Parallèlement aussi se développe les Bourses du Travail (les UL et UD actuelles). Le mouvement d'unification s'amplifiant, nous allons ensuite à la constitution de deux centrales nationales : - en 1886 Fédération
nationale des Syndicats, En 1895, ces 2 Fédérations s'unissent pour former la CGT. Sur le plan international, là aussi, il y a ce phénomène d'union. En effet, il suffit de se rappeler l'origine du 1er Mai 1889. C'est le Congrès ouvrier socialiste international réuni à Paris, et auquel participait la Fédération Nationale des Syndicats, qui décida d'inventer le 1er mai. Dans son appel, le Congrès déclarait : Le 1er mai fut effectivement un succès en 1890, mais il donna aussi l'occasion au gouvernement, en 1891, d'essayer les fusils LEBEL sur la population ouvrière de Fourmies (9 morts, dont 8 jeunes de moins de 21 ans et 1 enfant de 12 ans). La CGT est donc née du désir des travailleurs d'unifier leur action. Unité et action sont donc les caractéristiques de la CGT. ![]() Mais le chemin de l'unification passe aussi dans l'histoire avec celui de la division syndicale. La première division apparaît à la suite d'un concile papale, vers 1885. Ce concile recommandait l'union des patrons et ouvriers. Le syndicat des soieries de Lyon est mixte à cette époque et sera rejoint par d'autres syndicats. Il faudra attendre les années 1919 à 1921 pour que cesse cette idée de syndicat mixte, et cela aboutira à la création de la CFTC, sur insistance de l'église. 1921 est marqué par une scission au sein de la CGT. La tendance majoritaire exclue la tendance minoritaire qui devient la CGTU. Cela entraîne un affaiblissement du mouvement ouvrier. Après la réunification de 1936, la CGT subit encore les assauts de la bourgeoisie et c'est la dissolution en 1939, par PÉTAIN. La CGT se reforme clandestinement et participe au Programme de la Résistance. En 1947, c'est le Plan Marshall, la CGT s'y oppose dans l'intérêt des travailleurs. La CIA finance l'éclatement de la CGT. Le Comité Confédéral National récuse le Plan. Les minoritaires (127) partent et créent la CGT-FO et la FEN. Chaque scission affaiblit le mouvement syndical, mais ne peut empêcher la marche en avant du mouvement ouvrier. II
- La CGT organisation
de classe Deux idées essentielles qui découlent des sources du syndicalisme :
Elle est une organisation de classe, en premier lieu, parce qu'elle ne groupe que des salariés. La CGT se présente donc comme l'organisation élémentaire de toute la Classe Ouvrière. Considérée au sens le plus large du terme, par opposition bien sur aux patrons qui eux sont organisés dans leur syndicat, le MEDEF au plan national, et ensuite, des groupements au niveau départemental, ou des groupes d'entreprises au niveau local. Mais le fait de ne grouper que des salariés ne saurait suffire pour faire de la CGT une organisation de classe. Cela dépend de son opposition au système capitaliste, c'est à dire de son orientation fondamentale et de son action. De fait et en permanence, la CGT rassemble et guide les travailleurs dans des actions pour la défense des intérêts économiques et sociaux auxquels ils aspirent, et aussi pour des changements radicaux inscrits dans ses statuts. C'est la lutte pour la libération de la Classe Ouvrière de l'exploitation capitaliste. III
- La CGT organisation de masse Là aussi, il faut revenir aux sources du syndicalisme; ce principe de masse dont se réclame la CGT est le fruit de sa longue histoire riche en expériences. La seule puissance sociale dont dispose les ouvriers est celle de leur nombre et du rôle déterminant qu'ils ont dans la production, mais à la condition, et l'histoire l'a démontrée, d'être unis. Toute l'expérience prouve qu'à l'inverse de l'union, l'éparpillement des forces syndicales, la division ouvrière sont contraires aux intérêts élémentaires des travailleurs. Parce qu'en définitif cela tend à empêcher ou à réduire la puissance d'action qu'unis ils représentent. Et cette organisation de masse est possible par l'existence même d'intérêts communs aux travailleurs; intérêts communs nés de l'existence de la lutte des classes. Sur cette base le rassemblement de tous les salariés ou une grande majorité d'entre eux dans une même organisation est possible. Les milliers d'adhérents de la CGT témoignent de cette possibilité. La CGT recherche tout ce qui unis, à l'inverse de la méthode de diversion qui veut faire passer pour essentielle ce qui désuni. Et là, nous retrouvons la signature des capitalistes qui poussent à la création de syndicat du type dit "indépendant". Mais pour réaliser cette condition de syndicat de masse, il faut voir en quoi et comment : 1/- L'adhésion à la CGT est volontaire. La CGT est ouverte à tous les salariés, quelque soient leurs convictions politiques et philosophiques. Aucune discrimination dans ce sens est acceptée. 2/- La CGT place au centre de son activité les revendications qui unissent la masse des travailleurs, revendications qui sont susceptibles de rassembler et d'entraîner à l'action le plus grand nombre. C'est en premier lieu les revendications économiques et sociales, mais sans pour autant écarter la lutte de classe qui n'est pas qu'économique, mais aussi politique de par la nature même de l'État, selon qu'il soit au service des monopoles et non de la Nation. 3/- Ses formes d'actions visent à entraîner le plus grand nombre de travailleurs. Ces formes d'actions et les revendications sont bien sur décidées et déterminées par les travailleurs eux mêmes, et en premier lieu par les syndiqués. Qui dit forme d'action la plus large, dit obligatoirement élévation de la conscience de classe des salariés. En cela, bien en rapport avec les intérêts communs des travailleurs, la CGT s'y emploie en particulier avec sa revue de masse La Vie Ouvrière et d'autres publications corporatives. 4/- Si l'on veut garder le caractère de masse de la CGT et des Syndicats sur un plan plus général, qui ne sont pas des organisations politiques, il faut écarter certains problèmes philosophiques, religieux. Les organisations syndicales n'ayant pas les mêmes compétences que les partis politiques. Mais face à la bataille idéologique intense que développe la bourgeoisie et le patronat, la CGT ne peut rester inactive et se réserve le droit, en accord avec ses statuts et l'orientation de ses congrès, d'intervenir sur des questions qu'elle juge relever de sa compétence. Un exemple historique à ce sujet a été la prise de position très nette en faveur du programme commun de gouvernement proposé par les Partis de gauche en 1972, qui répondait à bon nombre de revendications que défendait depuis longtemps la CGT, avec le soutien actif à la candidature de François Mitterrand. Mais la CGT se réserve aussi le droit de ne pas intervenir sur des questions qui risqueraient de compromettre son unité. IV
- La CGT
indépendante et démocratique L'indépendance de la CGT Cela ne signifie pas, bien sur, isolement de la CGT, ce qui serait contraire à la recherche du plus grand nombre dans les actions; indépendance, cela signifie que la CGT et elle seule prend ses décisions. En toute indépendance du patronat, de l'État, des Partis politiques (y compris ceux qui se réclament la classe ouvrière). C'est pour la CGT une question de principe qui ne souffre aucune exception. Cette indépendance est garantie par les Statuts et concerne tout à la fois son organisation, ses directions, ses orientations, et est garantie dans son sein par la pratique de la démocratie. Mais il faut préciser quand même qu'indépendance ne signifie pas repliement sur soi-même, ni indifférence, ni neutralité ou même hostilité à tout ce qui n'est pas le syndicat. Les forces politiques et philosophiques jouent un rôle de plus en plus important dans la vie du pays, et pèsent du même coup en faveur ou négativement sur la satisfaction des revendications ouvrières. Les Syndicats ne peuvent pas avoir systématiquement une hostilité vis à vis d'eux. Partant de préoccupations précises, la CGT et toutes ses organisations peuvent conclure alliances allant dans le sens de la défense des intérêts communs aux salariés. Mais dans ces alliances précises, les organisations doivent conserver leur entière indépendance organique, leur entière liberté d'expression et de détermination. Là aussi, c'est un point que la CGT ne saurait remettre en cause. En effet, chaque fois que ces alliances sont nécessaires, la CGT participe. Mais il est hors de question qu'il y est direction, décision et pouvoir central lors des collaborations. La CGT est une Organisation démocratique C'est la règle fondamentale de fonctionnement de toutes les organisations qui la composent. Le syndicat groupe des salariés qui appartiennent à la même classe sociale, n'ont aucun antagonisme d'intérêt, mais bien au contraire, ont les mêmes intérêts. Bien sur, ces mêmes intérêts ne veulent pas dire qu'il n'y a pas appréciations différentes, sur les moyens à mettre en uvre pour les faire aboutir. Les Syndiqués peuvent avoir eux aussi des avis différents sur le choix des hommes et des femmes chargés de les représenter, de les guider. Tous les membres de la CGT doivent pouvoir s'exprimer librement à tous les échelons de l'Organisation. C'est la pratique de la démocratie syndicale, ou en terme plus clair, l'élaboration et la prise de décision collective des membres du syndicat. Les statuts de la CGT fixent à tous les échelons les règles de sa vie démocratique. Ils assurent le respect et l'application des décisions de la majorité des syndiqués. La capacité d'organisation, de fonctionnement de la CGT, dépendent pour une grande part de la stricte observation de la démocratie et de la discipline syndicale. Considérant que la démocratie syndicale est vitale pour une organisation de masse, la CGT condamne l'organisation des fractions qui tendent à faire prévaloir des disciplines de groupe sur le libre jeu de la démocratie pour tous. La démocratie signifie enfin que, par voie d'élections, les syndiqués peuvent accéder aux responsabilités qu'ils souhaitent et qu'ils peuvent assumer. LAvenir Social est lassociation de solidarité de la CGT. Elle a été fondée en 1906 par Madeleine Vernet. A lorigine cest un orphelinat, les anciens connaissent certainement le timbre du Nid. La C.G.T., jusqu'en 1995, était membre de la Fédération Syndicale Mondiale (F.S.M.)
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